L'annonce avait soulevé l'enthousiasme à la rédaction. Pour cause, retrouver un des duos les plus sympathiques du cinéma, ayant tourné 17 films entre les années 60 et 90 (18 si l'on compte le péplum Hannibal, où ils apparaissaient sous leurs vrais noms), dans un beat them all typé 16 bits avait tout de la Madeleine de Proust pour les spectateurs de feue La Cinq. Et on peut dire qu'on y croyait dur comme fer à ce jeu au budget serré comme un expresso. La fébrilité s'est emparée de nous avant de se lancer dans le test mais quand faut y aller, faut y aller !
Cela ne pouvait pas commencer ailleurs qu'au Far-West. Le colossal Bud Spencer et le facétieux et agile Terence Hill croisent la route de brigands et se dirigent vers la ville la plus proche qui semble entre de mauvaises mains. Pour le fric, la bouffe ou les beaux yeux d'une habitante, ils vont commencer à balayer les hommes de main osant se dresser devant eux pour aller s'occuper de leur chef. Mais ce n'était que du cinéma. Les revoilà ensuite dans le monde moderne où le producteur les a arnaqués en plus d'enlever une jeune femme que nos deux héros vont tenter de sauver en allant jusqu'au 12ème et dernier niveau. Cela ne vole pas haut ? Les dialogues, écrits en police LucasArts, malgré des références amusantes, se zappent sans peine ? Et alors ? Ce qu'on lui demande, à Slaps and Beans, c'est autre chose : nous divertir manettes en mains.
Salut l'ami
Et de ce côté, au tout début, on n'est guère déçus. Sous des atours plutôt ravissants de beat them all en pixel art, où Spencer et Hill ont fière allure et les animations se montrent assez plaisantes, on se complaît à distribuer les pains. Des gros et lourds avec le géant barbu, des plus légers et rapides avec le bellâtre. On apprécie les contres bien placés donnant lieu à des rafales de patates ou de gifles. On rit lorsque ce bon vieux Bud attrape deux têtes pour les cogner ou encore qu'il explose avec un bruit de quilles de bowling fracassées. On s'étonne des esquives du poids plume. On se croit revenu en enfance. Et puis les vagues d'ennemis s'enchaînent. Encore et encore. Sans réel changement, sans originalité concernant les objets ramassés, sans grande logique concernant la résistance des grouillots. Et l'on commence réaliser la panoplie de coups est limitée et l'action effroyablement monotone et que la musique qui tourne depuis un moment va nous rendre fou (NDTraz : Ou pas!).
Adieu le trésor
Heureusement, la Trinity Team avait prévu le coup en parsemant l'aventure de séquences un peu différentes : du puzzle super facile nécessitant la souplesse de Terence Hill, un mini-jeu de tir où il ne faut pas gaspiller ses balles, de la poursuite en voiture ou cheval, aussi brefs que peu palpitants ; une course de buggy, aussi longue que mal foutue à cause de ses hitboxes délirantes ; de l'infiltration avec référence sonore directe à Metal Gear Solid, où le moindre faux-pas rappelle que les checkpoints ont été super mal pensés.... En effet, si par malheur vous venez à faillir, ce qui peut arriver en mode Normal, surtout face aux bosses totalement déséquilibrés, ou pire, que vous devez faire face à un des nombreux bugs bloquant (cadavre refusant de disparaître, CPU bloqué ou cherchant à ramasser un item sans succès), le retour en arrière sera violent et décourageant. Même à deux, on a bien du mal à se motiver à aller jusqu'au bout, quand bien même cela ne prendrait qu'une après-midi...